Edito : Stigmatiser les jeux vidéo, ou comment camoufler le vrai problème aux USA

Suite aux fusillades aux USA dont celle récente de Parkland en Floride le mois dernier, nombreux sont les politiciens américains à viser, une fois de plus, les jeux vidéo comme cause de ces tristes évènements, amenant le Président Trump à convoquer plusieurs éditeurs du monde vidéoludique au sein de la Maison Blanche. Pointer du doigt les jeux vidéo, un moyen populaire, ou plutôt populiste, pour contourner le véritable problème des Etats Unis d’Amérique : le droit pour tout Américain de porter une arme sur soi, la vente et la libre circulation de ces derniers dans le pays.

Cet édito est le premier d’une série non pas régulière mais qui, suivant des faits de l’actualité aussi bien vidéoludique que politique dans le cas de notre sujet, pourront nous amener à réagir, avec forcément un avis orienté. De ce fait, toute la pensée et les mots employés dans cet édito n’engage que votre serviteur. Cela dit, démarrons donc dès maintenant.

jeux vidéo

Il s’agit d’un sujet qui revient souvent, régulièrement aux Etats Unis du fait des tragiques incidents se déroulant au pays de l’Oncle Sam, mais aussi dans de nombreux pays dont la France : les jeux vidéo rendent les personnes violentes. Un jeune homme impliqué dans une fusillade en Floride ? C’est à cause des jeux vidéo ! Un raccourci très rapide me diriez-vous ? Pourtant, ce sont les discours de nombreux politiciens Américains, comme le Républicain Robert Nardolillo que nous évoquions lors de notre article sur le propos. Des discours permettant de camoufler médiatiquement la grogne des familles de victimes et de plus en plus d’Américains sur le réel problème de ces fusillades : la régulation du droit du port d’armes à feu et l’interdiction à la vente de certaines armes lourdes.

Mais mettre en lumière ce véritable problème n’est pas au goût de nombreux politiciens et surtout de l’une des organisations les plus puissantes des Etats-Unis : la National Rifle Association, synthétisé en NRA. Car cette dernière revendique le droit du 2è Amendement, si cher aux Américains, soit le droit de porter une arme. Et la NRA est puissante, soutenant et finançant de nombreux politiciens lors d’élections, et ayant largement soutenu Donald Trump pour la Présidence des Etats-Unis d’Amérique (que vous pouvez voir en image en tête d’article lors d’un forum de la NRA). Ce n’est pas pour rien que pour combattre les armes, ce dernier propose de mettre…encore plus d’armes, en l’occurrence dans les mains des professeurs (avec quelques jours plus tard un incident impliquant un professeur armé…).

Ammu-Nation
Ammu-Nation, armurerie connue de la saga GTA et parodiant la NRA, défendant le 2è Amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique.

Par conséquent, dans un débat où les Américains, très attaché encore une fois au 2è Amendement, sont divisés sur la question, il est préférable de trouver une cible plus facile : les jeux vidéo, en particulier ceux incluant du contenu qualifié de violent. Un univers vidéoludique, bien que populaire, méconnu par de nombreuses personnes qui, par conséquent, est sujet à de nombreux clichés parfois archaïques, dont celui qu’un jeu vidéo peut changer complètement un être humain afin de le rendre violent et psychopathe.

Rassurez-vous, nous n’allons pas nous plonger dans le détail de nombreuses études à ce propos, mais simplement reprendre les mots de l’ESA, l’Entertainment Software Association, ou en Français l’Association du Logiciel de Divertissement, qui, explique ceci :

“Les faits, le bon sens ainsi que de nombreuses études réfutent l’affirmation selon laquelle il existerait un lien entre les jeux vidéo et la violence.”

Statue de l'Hilarité
La Statue de l’Hilarité, tenant un café chaud, reprend les traits d’Hilary Clinton, vis à vis de ses déclarations et actions suite à l’affaire « Hot Coffee » de GTA San Andreas, en 2004. Une douce vengeance de la part de Rockstar Games

Parlons donc de bon sens. Je joue à la saga Grand Theft Auto, il s’agit là d’une des franchises les plus critiqués par les politiciens (coucou Hilary Clinton, qui aura eu droit à sa doublure avec la Statue de l’Hilarité que vous pouvez admirer ci-dessus), mais aussi les avocats (coucou Jack Thompson), depuis de nombreuses années. Ai-je pour autant volé des voitures et braqué des banques ? Non. J’adore L.A. Noire et Red Dead Redemption, ce n’est pas pour ça que je me prends pour un cow-boy ou un inspecteur. En plus des jeux Rockstar Games, ceux qui me connaissent savent que je suis un très grand fan de la saga The Legend of Zelda. Est-ce que pour autant je sors en ville équipé d’une épée, d’un bouclier, habillé d’une tenue verte ou bleue et à dos d’une jument ? Non plus.

Le jeu vidéo est un moyen de divertissement, tout comme l’est un film ou un livre. Mais par son aspect méconnu par une majorité de personnes, les politiciens, ne connaissant pas mieux le sujet, vont s’empresser de crier haut et fort avoir trouver la cause de tous les malheurs. Oui, s’empresser, car il vaut mieux pour un sénateur Américain dénoncer quelque chose que l’on ne connaît pas, plutôt que de dénoncer ce que défend celui qui a financé ma campagne et mon élection à la Chambre des Représentants des Etats-Unis, jouant sur le fait qu’un être humain est forcément méfiant de ce qu’il ne connaît pas.

Leland Yee
Leland Yee, dénonçant en 2010 les jeux vidéo qualifiés de violents.

Faisons rapidement un petit tour sarcastique, et parlons de Leland Yee. Si vous nous lisez depuis longtemps, ce nom vous évoquera peut-être quelque chose. Leland Yee était le sénateur Démocrate de la Californie entre 2006 et 2014. Il est « connu » à l’époque pour avoir été aux côtés de Jack Thompson, ancien avocat et grand adversaire de Rockstar Games que l’on ne présente plus désormais, lors de la mise devant les tribunaux de la firme étoilée pour l’affaire « Hot Coffee » en 2004. Dénonçant tous deux la violence des jeux vidéo, ces derniers finiront par condamner Rockstar Games et Take Two Interactive d’une amende de près de 20 millions de dollars. Alors que Leland Yee, que vous pouvez voir sur l’image ci-dessus, était vent debout contre la violence des jeux vidéo, il est ironique de savoir que ce même personnage a été arrêté en 2014 par le FBI puis condamné en 2015 pour corruption et… trafic d’armes.

Au lieu de stigmatiser les jeux vidéo, faisant de vos enfants de effroyables monstres ayant comme seule envie de détruire l’humanité, afin de ne pas froisser la NRA en parlant de possibles réglementations sur le droit de porter une arme et de vendre des semi automatiques à tous les coins de rues, sachez une chose : un homme ne va pas devenir un psychopathe en ayant joué à GTA, Doom ou Halo. Recherchez plutôt dans les évènements s’ayant déroulé dans sa vie le conduisant à des extrémités pareilles sans qu’aucune personne, aucun service de l’Etat, n’ait pu détecter cela et surtout comment a t’il pu s’armer et entrer dans un établissement scolaire. Ne considérez pas les jeux vidéo comme nuisible à vos enfants lorsque vous regardez à chaque repas familial les informations parlant de terrorisme, fusillades, meurtres et viols, le tout avant le bulletin météo. Ne considérez pas l’industrie vidéoludique comme étant un mal de la société, alors que le pays de l’Oncle Sam est gouverné par un homme capable de créer de vives tensions politiques au niveau international en seulement 140 caractères.

Concluons donc : non, les jeux vidéo de rendent pas violents. Un jeu vidéo est un moyen de divertissement, le cibler et l’accuser vous permettra de détourner l’attention auprès des médias et de ne pas froisser certains lobbies, mais ne vous permettra pas de résoudre le véritable problème des américains de la libre circulation des armes.

Merci d’avoir pris le temps de lire cet édito. Passez un bon Dimanche sur Rockstar Mag’ !

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