[EDITO] GTA ONLINE | Une évolution critiquable
GTA Online est véritablement la poule aux œufs d’or de Rockstar Games. Vendu pendant de nombreuses années obligatoirement avec GTA V, il a largement contribué a faire de ce dernier le second jeu le plus vendu de l’Histoire du jeux-vidéo. Ayant été lancé en 2013, GTA Online fait preuve d’une longévité folle. Pour ce faire, le jeu a du, bon gré mal gré, évoluer avec son temps. Disposant d’un système économique solide, l’identité même du premier opus entièrement en ligne de GTA a largement évolué depuis sa sortie. Cette évolution… est pour le moins sujette à débat. C’est donc vers ce thème que nous allons nous concentrer aujourd’hui : l’identité de GTA Online, ainsi que sa direction artistique.
Avant de continuer
Les mots que vous lirez ci-dessous reflètent mon ressenti et mes pensées sur le sujet, d’une manière totalement personnelle. Ces lignes sont uniquement les miennes et ne représentent pas l’avis des autres membres au sein du staff de Rockstar Mag’. Je donne mon propre avis sur GTA Online. Cet édito ne cherche donc pas à prouver quoi que ce soit, mais à vous partager ma vision des choses.
GTA Online, un jeu à part entière
Contrairement à ce que l’on peut souvent entendre, GTA Online, n’est pas le volet en ligne de GTA 5. Il n’existe donc pas de « GTA 5 Online », comme cela avait pu être le cas avec le mode « Multijoueur » de GTA 4 et EFLC. En soit donc, GTA Online est un opus de la licence GTA à part entière. Il détient sa marque déposée, son propre logo, et depuis quelques années, ses propres activités et missions solo. Cette confusion réside dans le fait que GTA Online est proposé en même temps que GTA 5 depuis sa sortie (l’inverse n’est plus vrai), et qu’ils partagent tout deux des personnages et une carte commune.
Néanmoins, le 9 juillet 2013, au sein du premier trailer de gameplay de GTA 5, la distinction est directement faite, puisque GTA Online est teasé et présenté comme à part, avec son propre trailer mis en ligne un mois plus tard.
Pour les plus dubitatifs sur cette différenciation entre les deux jeux, prenons cet exemple. Souvenez-vous des jeux Jak II : Hors la loi et Jak 3. Tous deux développés par le studio Naughty Dog et sortis respectivement en 2003 et 2004, ces deux opus partagent de nombreux éléments communs. Personnages, lieux (jusqu’à une ville entière sensiblement identique), armes, gadgets, items etc. Peux ont dire que ces deux Jak and Daxter sont en réalité un seul et même jeu ? Pas du tout. C’est pourtant cette logique qui voudrait nous faire croire que GTA 5 et GTA Online sont un produit unique.

Un bref historique de GTA Online
En bref, GTA Online est sorti le 1er octobre 2013, soit un peu moins d’un mois après GTA 5. Proposant de nombreuses missions scénarisées et d’activités en tout genre, GTA Online a tout de suite extrêmement plu. Afin de pérenniser le système économique du jeu, et rendre possible les mises à jour gratuites, Rockstar a décidé, 3 mois plus tard, de proposer les fameuses Sharkcards. Contre une plus ou moins grande somme d’argent réel, les sharkcards vous proposent une plus ou moins grande somme de GTA$. Ce système offrait, avant l’arrivée de GTA + (c’est un autre sujet) plusieurs avantages.
- Il permettait l’évolution de GTA Online par des mises à jours régulières et de qualité.
- Les Sharkcards permettent, pour les joueurs qui le souhaitaient, de renflouer rapidement leur GTA$, en évitant le farming.
- Cependant, elles ne représentent pas du Pay-to-win pour autant, puisque le gros des armes et des véhicules de GTA Online requièrent, en plus de GTA$, un niveau suffisant.
Nous nous retrouvons donc avec un jeu en ligne, complet, ouvert, ambitieux et populaire, disposant d’un système économique juste et proposant au cours du temps de nombreuses mises à jours. Sur quoi donc peux bien porter la critique de notre article ?

L’évolution de la tonalité de GTA Online
C’est le principal problème que l’on traitera ici. Le ton d’une oeuvre, son scénario, et ses thématiques font partie des principaux fondements de ce qui fait un jeu-vidéo. Au cours du temps, la licence GTA a d’ailleurs fait grandement évoluer sa tonalité. D’une nature très cartoon et second degré des ères 2D et 3D (dans une moindre mesure), nous sommes passés à une ambiance sombre et réaliste avec GTA IV et ses deux extensions.
Arrive ensuite GTA 5 qui, sans rentrer dans les détails, propose une expérience a mi chemin entre le sérieux et l’arcade en proposant tout de même un scénario et des activités « crédibles » ainsi qu’une tonalité plus ou moins réaliste. Si chacun a ses propres gouts et préférences sur ces évolutions, GTA 5 n’a donc pas représenté de véritable rupture concernant l’ambiance générale que peut avoir un GTA. Cette rupture, justement, est arrivée en réalité avec GTA Online.
Personnellement, je considère que cette rupture intervient progressivement, mais est définitivement acté en 2017. Pourquoi 2017 ? Puisque c’est l’année de plusieurs mises à jours importantes dont celle du Braquage de la fin du monde. Pour moi, il y a clairement un avant et après 2017.

GTA Online de 2013 à 2017
Remettons les choses dans le contexte. En 2018, cela va faire 6 ans que GTA Online est sorti. Et plus de 2 ans qu’il dispose de mise à jour ambitieuses. Rappelez vous, c’est bien la mise à jour emblématique des Braquages qui a entamé un premier tournant en transformant le format des updates. Nous sommes passés de mises à jours relativement réduites, qui donnaient accès à quelques petites missions parfois peu scénarisées, des lots de vêtements, des courses, quelques nouvelles armes etc, à un format de mises à jour plus conséquent.
Avec les Braquages originaux, GTA Online nous proposait, comme dans le mode solo, d’accomplir des casses ambitieux qu’il nous fallait préparer en différentes étapes, nous donnant même la possibilité de répartir la sommes gagnées entre les différents braqueurs/joueurs.
Un jeu proche de GTA V
Pour moi, jusque-là, GTA Online ne sortait absolument pas d’une tonalité GTA que l’on connaissait, et restait clairement dans l’esprit de GTA 5. Le scénario des mises à jour, restait relativement réaliste, avec des casses plausibles et un ton mature. Cette tonalité, dans la veine de GTA 5 se poursuivra avec d’autres mises à jours imposantes comme Truand en col Blanc, Lowriders, Le Crime Paie, Import Export, ou Haute Finances et Basses Besognes par exemple.
C’est là que le bât blesse comme on dit. Après d’autres updates comme Traffic d’Armes ou Contrebandes Organisées, le 12 décembre 2017 sort la mise à jour qui va amorcer une tonalité différente pour GTA Online : Le Braquage de la fin du monde. Alors, petit disclaimer. Je ne dis pas que l’update est de mauvaise qualité ou qu’elle n’est pas fun à jouer. Cela serait objectivement faux. Cependant, selon moi, cet update rompt pour la première fois avec l’identité d’un GTA.

2017/2018 : La transformation
Le braquage de la fin du monde introduira donc une nouvelle tonalité à GTA Online. Une tonalité que l’on pourrait qualifier de plus « arcade » moins « réaliste », et qui se prend clairement moins au sérieux. Un scénario mêlant science-fiction, absurdités, personnages clownesques, apocalypse nucléaire et magna de la tech fait de cette update la première en son genre. Cela ne veut pas dire que toutes les autres updates après celle-ci furent de cette tonalité, cela veut dire que cela a ouvert la porte à ces changements. Ces changements justement, ce sont infusés dans GTA Online, pour transformer véritablement l’expérience de jeu.
Après cette mise à jour, le scénario et l’écriture de l’aventure de notre protagoniste change clairement. Nous passons de scénarios impliquants des gangs, des voitures blindés, des hélicoptères et des missions plausibles à des voitures volantes et pouvant aller sous l’eau, des chars du futur, des pistolets lasers et autres invasions de robots tueurs…
Pourquoi ces changements ?
Ces changements de direction artistique peuvent s’expliquer selon moi de différentes manières.
- Fin 2017 et début 2018, c’est bien Fortnite qui explose en termes de popularité. Avec lui, une esthétique particulière se diffuse dans le monde du jeu vidéo en ligne. Une DA cartoon, déjantée et colorée qui entamera ce que nous pourrons appeler la « course au fun ». Plusieurs jeux en ligne tenteront de s’adapter à cette nouvelle donne hyper-populaire. Call of Duty par exemple, et bien sûr GTA Online.
- Cette tonalité différente moins mature, peut bien davantage s’adresser à un public nouveau, conséquent et plus jeune.
- Sans être de mauvaise foi, et même si je n’apprécie personnellement pas la direction de GTA Online actuelle, cette tonalité moins réaliste est bien plus permissive en termes de gameplay et d’originalité. Pourquoi voyager d’un point A à un point B en voiture/avion quand on peut le faire en moto volante du futur ? Une telle approche permet davantage de possibilités, mais peut faire perdre l’identité d’un jeu…

Vous avez dit Saints Row ?
Et oui, comme le titre de cette partie l’indique, je pense que nous assistons à une « saintrowisation » de GTA Online. Avant d’exposer cet avis, il nous faut rapidement rappeler ce qu’est, (enfin ce qu’était) Saints Row. Saints Row était une licence de type « GTA-like » de 2006 à 2022, ayant, pendant un court laps de temps, pu se « mesurer » à la licence GTA. Si les premiers Saints Row se positionnaient comme des concurrents direct à GTA, la licence prit une nouvelle tournure à partir de 2011.
Après un Saints Row 2 de qualité mais brisé par GTA IV, les développeurs de Volition amorcent un changement. Puisqu’il est impossible de battre GTA sur son terrain, il faudra alors changer de terrain.
Saints Row The Third, sortira donc en 2011 en changeant énormément de choses par rapport aux précédents volets. Exit donc le scénario plus ou moins « sérieux », proche de la tonalité des GTA de l’air 3D, The Third nous transporte dans un open world ultra arcade, grandguignolesque et parfois franchement obscène ou science-fiction se mêle avec horde de zombie et guerre de gang aux fusils laser.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’entre GTA IV et Saints Row the Third, il y a un monde, un univers même ! Viendra ensuite Saints Row IV et Gat out of Hell. Ces deux jeux, basés sur le gameplay du 3, ouvriront encore davantage les vannes du cartoonesque, en nous faisant incarner tantôt un président des Etats-Unis Super Héros se battant contre des Aliens, tantôt contre des Démons venus de l’enfer… En 2022 finalement, un reboot de la série essaiera de se frayer un chemin dans les mains des joueurs en reprenant la recette des deux premiers jeux, sans succès… Depuis, la licence est en pause indéterminée, et le studio Volition n’existe plus…
Une « saintsrowisation » de GTA Online
A l’époque de la fin des années 2000 et au tout début des années 2010, une blague revenait souvent. Saints Row (surtout le premier du nom,) était souvent désigné comme une vaine tentative de copier GTA San Andreas, rien d’autre.
Aujourd’hui, GTA Online ressemble presque davantage à Saints Row The Third qu’a GTA. Deux grands points me poussent à clamer cela :
1) Le gameplay
Comme déjà mentionné plus tôt, le gameplay de GTA Online a beaucoup changé depuis 2013, et encore davantage depuis 2017. Ce gameplay s’est clairement transformé après 46 mises à jours. Des centaines de tenues et de véhicules rajoutés et des dizaines d’armes. Ces ajouts ont clairement métamorphosé le jeu.
Qui aurait pu croire en 2013 qu’un jeu permettant de sa balader en moto de Tron dans les rues, de tirer au fusil laser, de pouvoir frapper avec des cannes à sucres de Noël, de devenir loup garou ou de combattre des zombies, était un GTA et non un Saints Row ?!
Des ajouts questionnables à partir de 2017
Penchons nous de même sur certains ajouts que GTA Online a connu depuis 2017. C’est assez… troublant.
- Des courses, des tenues et des véhicules inspirées du film Tron ? Saints Row The Third l’avait fait.
- Des motos volantes du futur capables de tirer ? Saints Row The Third l’avait fait.
- Des minigun lasers et autres fusils a plasma ? Saints Row The Third l’avait fait.
- Un ordinateur permettant de bombarder à distance des ennemis ? (et des joueurs dans le cas de GTA Online…) Saints Row The Third l’avait fait.
- Des emotes plus ou moins barrées pour notre protagoniste ? Saints Row The Third l’avait fait. GTA Online en a d’ailleurs clairement copié/collé plusieurs.
- Nous ne nous étalerons pas davantage sur le contenu de ce qui a pu apparaître dans la licence Saints Row se retrouvant aujourd’hui dans GTA Online, mais on peut évidemment citer les nombreux vêtements, tenues et masques très TRÈS inspirés…
Mon but ici n’est pas de dire que Saints Row est une meilleure licence que GTA, loin, très loin de là. Mais plutôt de pointer du doigt une évidence. GTA Online, dans son gameplay a déjà amorcé une cassure avec la tonalité de la licence GTA. Même en prenant en compte ce que nous pouvions connaitre dans GTA San Andreas, et ses missions parfois folles, la tonalité du jeu n’a jamais été aussi cartoonesque qu’aujourd’hui.
Comme a pu le dire dans un tweet le studio Volition il y a quelques années : « Qui copie qui maintenant ? »

2) L’écriture
Je serais plus bref dans cette partie. La qualité d’écriture est une des immenses forces de la licence GTA, et de Rockstar Games en général. C’est en partie cette qualité d’écriture qui a mené à des chefs-d’œuvre tels GTA IV ou Red Dead Redemption 1 et 2.
Cette qualité d’écriture, bien qu’assez réduite dans GTA Online, puisque notre protagoniste est muet, était bel est bien présente au début du jeu. Les nombreux briefings des braquages originaux en témoignent. De même, les dialogues au sein des missions détenaient toujours cette ADN si cher aux joueurs, et difficilement explicable. Parfois drôle, parfois sérieuse, parfois tendue, mais se basant sur un socle de plausibilité.
Aujourd’hui… C’est très différent. Assez hétéroclite en réalité. Tout d’abord, d’une mise à jour à l’autre, l’écriture, les scénarios et les dialogues varient énormément. Certaines sont très bien écrites comme avec Le Contrat. D’autres et en premier lieu Le braquage de la fin du Monde ne sont simplement pas convaincante.
En termes de qualité d’écriture, comment est-il possible de rendre crédible des aventures comme celles de Arena War postulant l’existence d’une arène en plein Los Santos, où se combattent des gladiateurs modernes surarmés, ou qu’il est possible d’acheter relativement simplement un sous marin nucléaire dans un univers qui était de base crédible, terre à terre, se basant sur les guerres de gangs et autres braquages de haut vols ?

Conclusion
Bref, GTA Online a beaucoup changé depuis sa sortie en 2013. D’une véritable tonalité GTA, nous nous trouvons aujourd’hui devant un jeu en cours de « Saintsrowisation ». Victime collatérale d’un système économique quasi parfait permettant toujours plus (trop?) de contenu et de mises à jour, le service en ligne a choisi de se transformer progressivement depuis 2017. Plus arcade, « déjanté » cartoon, moins réaliste, et ouvert à un plus large public, GTA Online a véritablement amorcé une cassure avec ce que pouvait représenter l’ADN de GTA.
Qu’en pensez-vous ? Etes-vous satisfait de la tournure qu’a pris GTA Online depuis 2017 ? Ou êtes-vous comme moi, dubitatif et même déçu de cette évolution ? Je veux vos avis en commentaires !
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Contrairement à ce que tu affirmes dans la conclusion, je dirais que GTA Online est déjà Saintsrowisé. Comme toi, j’ai beaucoup de mal avec tout ce délire futuriste, et délirant. C’est vrai que la MK2 dépanne, mais tout devient trop facile avec. Je trouve trop dommage que ce simple véhicule surpasse tous les autres.
Maintenant, je ne suis pas un joueur multijoueur. Je ne joue qu’en session privée. Donc il m’est facile d’ignorer tout ça ; et tant que le délire futuriste ne reste que secondaire, c’est supportable.
En revanche, ce qui me touche davantage, c’est la cohérence de l’histoire. Notre personnage online est actuellement le plus grand gangster de San Andreas. Il est normal qu’il cherche à faire de l’argent avec une casse automobile, en agrandissant son réseau via Yusuf sur LC. Par contre, qu’il traine avec des hippies dérangés et pas drôles, dans les coins les plus dégueulasses de LS… C’est mal amené, ça n’a pas de sens. Surtout quand juste avant il est en session studio privilégiée avec Dr. Dre (donc qu’est-ce tu fous à Sandy Shore dans l’ancien labo de Trevor ??).