[DOSSIER] : Red Dead Redemption, Herbert Moon ou l’homme…qui pactisa avec le Diable ?
Red Dead Redemption, tout comme sa préquelle, regorge de personnages divers et variées que nos protagonistes ont l’occasion de rencontrer durant leurs aventures. Des personnages souvent haut en couleur, alimentant le folklore du wild-west.
Dans ce nouveau dossier dédié à Red Dead Redemption ainsi que Red Dead Redemption II, nous allons nous pencher sur l’un d’entre eux. Un personnage très secondaire et sans importance vis à vis des héros de nos deux opus. Mais qui, néanmoins, fait parti de ces personnages apparaissant dans les deux jeux. Son nom ne vous dira sans doute rien du tout. Vous l’avez très probablement rencontré et même marchandé avec lui, sans qu’il vous effleure le fait que cet homme ait une quelconque importance dans quoi que ce soit.
En réalité, ce personnage pourrait cacher un lourd secret. Son nom : Herbert Moon, ou l’homme qui…aurait pactisé avec le Diable ?
Avant toute chose
Le dossier que vous allez découvrir évoque à la fois le scénario et des éléments majeurs de Red Dead Redemption, Red Dead Redemption: Undead Nightmare et Red Dead Redemption II. Par conséquent, si vous n’avez pas terminé le scénario principal de l’un de ces trois jeux et que vous ne souhaitez pas vous faire « spoiler », ne lisez pas les lignes qui suivent ! Une bannière « Alert Spoil » s’impose !
Sinon, nous vous souhaitons une très bonne lecture !
Mais qui est donc Herbert Moon ?
Avant toute chose, tâchons de savoir qui est cet homme. Herbert Moon est un commerçant installé dans la ville d’Armadillo, New Austin. Dans cette ville typique de l’Ouest Américain à cette époque, ce dernier tient le seul et unique « General Store », comprenez par-là une épicerie, présente dans l’allée centrale.
Faisant probablement parti des premiers habitants d’Armadillo, Herbert Moon n’était pas le seul membre de la famille puisque nous pouvons retrouver la trace de son frère Francis Moon, décédé un 23 Mai 1897 et dont la pierre tombale se trouve à Coot’s Chapel, le cimetière présent non-loin, au sud-est de la ville.
Petit aparté, cette pierre tombale est présente dans Red Dead Redemption…mais aussi dans Red Dead Redemption II, puisque les aventures se déroulent quoi qu’il arrive après 1897. Au même emplacement, avec les mêmes inscriptions et la petite citation humoristique inscrite qui va avec (en langue originale dans RDR II et en Français (différente pour garder un aspect humoristique dans la langue de Molière) dans Red Dead Redemption, les pierres tombales et leurs citations faisant parti des « easter eggs » du jeu.
Herbert Moon est présent dans Red Dead Redemption II où vous pouvez le rencontrer à partir de l’épilogue du jeu, lorsque la zone de New Austin vous sera enfin accessible. Dans cet opus, vous pouvez ailleurs apprendre qu’en plus du frère évoqué plus haut, Herbert Moon a également une fille : Herberta. Cette dernière est évoquée dans une lettre à son père, que vous pouvez seulement récupérer…en tuant Herbert Moon.
Dans cette dernière, Herberta supplie son père de ne pas couper les liens avec elle, qu’elle reste sa fille quoi qu’il pense d’elle. En effet, Herberta s’est mariée à un homme de confession Juive, un certain Isaac Solomons, ce que n’a pas supporté son père Herbert, antisémite (nous en reparlerons plus bas), jugeant que sa fille a désormais « souillé sa lignée ». On y comprend par ailleurs que cette dernière est enceinte puisqu’elle espère qu’un jour il viendra voir son « petit-fils quand il naîtra ».
Notez par ailleurs que malgré le fait que vous lui ayez tiré dessus pour le dépouiller (et ainsi découvrir cette lettre), ce dernier, comme un protagoniste de la saga GTA visiblement, ne meurt pas et réouvrira de nouveau son magasin 24h plus tard. Immortel vous dites ?
Herbert Moon est aussi présent dans Red Dead Redemption, avec un événement aléatoire le concernant se déclenchant aléatoirement. En effet, parfois, un voleur viendra dérober le contenu de sa caisse avant de s’enfuir. Il vous sera donc demandé de rattraper et ligoter le voleur afin de le lui ramener. Il tiendra encore et toujours son commerce à la fin du jeu, en 1914, lorsque vous incarnez non plus John mais Jack Marston.
Enfin, Herbert Moon apparaît de façon plus importante dans Red Dead Redemption : Undead Nightmare par le biais d’une cinématique pour l’une des missions principales. Nous comprenons par ailleurs assez explicitement dans son discours que l’homme est en réalité tout à fait antipathique, raciste, homophobe et antisémite au possible. Vous comprenez ainsi mieux les mots de Herberta dans Red Dead Redemption II, Rockstar Games faisant ainsi référence aux traits donnés au personnage… 8 ans auparavant dans ce DLC mêlant wild-west et morts-vivants. Ah, Rockstar et le sens du détail !
Et même si le scénario de ce dernier n’est pas « canon », nous en reparlerons plus bas puisque les événements l’impliquant dans Red Dead Redemption : Undead Nightmare sont plutôt intéressants à interpréter.
Alors qu’il semble être juste un personnage des plus banales, bien que nous voyons derrière ce « PNJ » que Rockstar Games lui a tout de même créé un peu de « background », quel secret cache donc Herbert Moon ?
Herbert Moon, immortel face à la malédiction d’Armadillo ?
Maintenant que vous connaissez le personnage et son omniprésence aussi bien dans Red Dead Redemption que Red Dead Redemption II, concentrons-nous en détail sur son histoire à travers les jeux.
En 1907, époque où se déroule l’épilogue de Red Ded Redemption II, la ville d’Armadillo est loin d’être une simple ville de l’Ouest sauvage. En effet, cette dernière abrite en son sein une épidémie de peste décimant la population. En vous y rendant pour la première fois, impossible de rater l’épais nuage noir au-dessus de la ville, les feux et les fosses communes à l’entrée de cette dernière. Les gens y sont à l’agonie, les corps et les cercueils entourent les bords de la ville et le croque-mort travaille sans relâche. Les quelques habitants, malades, vous crient de ne pas vous arrêter et de fuir la ville, victime de la peste telle…une malédiction.
Evoquons également le premier événement sur lequel vous tombez obligatoirement en arrivant en ville, à savoir des échanges entre le sheriff et des bandits. Un échange finissant, au choix de votre (non) intervention entre la mort du sheriff ou des bandits. Dans le second cas, ce dernier vous remercie et indique par ailleurs abandonner son poste et fuir la ville. Armadillo perd ainsi son autorité, en proie désormais aux bandits en plus de la peste. Mais alors que les habitants souffrent et meurent, un seul homme ne semble pas inquiété et tient son commerce normalement, comme immunisé contre la peste : Herbert Moon.
Par ailleurs, en vous rendant pour la première fois dans son magasin, un dialogue se déclenchera (que vous pouvez visualiser 3 images plus bas), John interrogeant Herbert Moon à propos d’une…mystérieuse photo d’un homme… coiffé un chapeau haut-de-forme :
John : « Qui est-ce ? »
Herbert : « Aucune idée. C’est un petit portrait que quelqu’un m’a donné. Je l’aime bien. Pourquoi ? »
John : « Comme ça, j’avais l’impression de le connaître. Enfin bref… »
Cet homme sur la photo, peut-être que John a pu le rencontrer dans un passé qui nous est inconnu, nous le savons pas en réalité. Néanmoins, il le rencontrera… plus tard, dans Red Dead Redemption à trois reprises. Cet homme sur la photo n’a pas de véritable identité, si ce n’est qu’il est connu comme étant « The Strange Man », l’Homme Mystérieux.
L’Histoire de « l’Homme Mystérieux », où le Diable personnifié
L’Homme Mystérieux, que l’on rencontre pour la première fois dans la quête secondaire « Je vous connais », semble bien connaître John tout en restant très énigmatique, et lui propose par deux fois d’intervenir sur un fait externe à sa personne, sans pour autant lui suggérer de faire le bien…ou le mal. John Marston aura donc à ce moment-là un choix à faire en fonction de sa morale (c’est-à-dire en fonction de votre morale).
Leur dernière rencontre s’effectue au-dessus de Beecher’s Hope, avec cette phrase de l’Homme Mystérieux débutant la conversation : « C’est parfait ici, pas vrai ? ». Et alors que ce dernier reste bien énigmatique face aux questions d’un John Marston perdant patience, il lui tournera le dos et échangera une dernière fois :
L’Homme Mystérieux : « C’est parfait, ici. A la prochaine, cow-boy. »
John : « Allez au diable ! »
L’Homme Mystérieux : « On me le dit souvent. »
Les balles que tireront John ne lui faisant absolument rien, ce dernier disparait sous l’air perplexe de John Marston. Ces derniers mots sont glaçants de par le lieu où nos deux personnages se situent. « C’est parfait, ici », ces mots sont en effet dits et répétés à l’endroit exact où se trouveront peu de temps après…la tombe de John Marston, ainsi que de l’Oncle et, trois ans plus tard, d’Abigail.
L’Homme Mystérieux, ce personnage au haut-de-forme immortel et connaissant le passé et le destin funeste de John, couplé aux derniers échanges avec ce dernier, est-il la représentation personnifiée au sein du jeu du Diable ?
Dans une Amérique de fin du XIXè siècle ou début du XXè qui est résolument catholique, nous parlons d’un Dieu et d’un Diable. Existe également un Purgatoire, un lieu où les âmes doivent expiés leurs péchés, souvent vu comme un passage avant le Jugement Dernier, qui établira si l’âme en question sera envoyée au Paradis ou en Enfer. Mais il n’existe pas dans la religion d’une figure « iconique » représentant le Purgatoire.
John Marston, ayant commis d’innombrables méfaits dans sa vie et malgré ses choix moraux sur les dernières années de sa vie, sa volonté de quitter une vie de hors-la-loi, restera à tout jamais une âme tourmentée. Le Diable, personnifié en l’Homme Mystérieux, teste John quelques dernières fois avant de se préparer à l’accueillir dans une mort inévitable.
Revenons ainsi à Herbert Moon : pourquoi ce dernier garde-t-il une photo de l’Homme Mystérieux, quel est son lien avec ce dernier ? S’il dit, lorsque John l’interroge à ce sujet dans Red Dead Redemption II, ne pas savoir de qui il s’agit, le doute reste permis comme vous allez pouvoir le découvrir dans les lignes qui vont suivre.
Herbert Moon, l’homme… qui pactisa avec le Diable ?
Herbert Moon. L’Homme Mystérieux. La présence de la photo de ce dernier dans son magasin, tel un « totem d’immunité », ne semble pas être un hasard. Mais la Vérité se trouve parfois ailleurs, et en l’occurrence dans un lieu bien loin de New Austin, là où peuvent se mélangent superstition et cultes maléfiques : le Bayou.
Et c’est en parcourant les marécages de cette zone non loin de la ville de Saint-Denis que vous pouvez y trouver, potentiellement entouré par quelques alligators… une vieille cabane, du moins en apparence, au bord de la « Kamissa River ».
En entrant dans cette dernière, le décor y est particulier : sombre, seulement éclairé par quelques bougies, couvert de peintures et d’inscriptions. Au centre de celle-ci, vous y verrez une peinture en cours d’élaboration. Revenez-y plusieurs fois, en espaçant vos visites sur plusieurs jours, et cette dernière s’affinera au fur et à mesure. Mais avec notre cher Arthur Morgan, jamais vous ne verrez cette peinture dans son état final.
Ce n’est qu’à partir de l’épilogue, avec John Marston, que vous pouvez découvrir cette toile finalisée. Une toile représentant…L’Homme Mystérieux. A ce moment là par ailleurs, si vous vous observez à travers le miroir sur pied disposé sur la gauche…l’Homme Mystérieux apparaîtra, derrière vous…avant de disparaitre au moindre mouvement. « Je vous connais », tel le nom des missions où John et ce dernier se rencontrent dans Red Dead Redemption. Nous ne le montrerons pas, ce n’est pas dans le cadre de cette histoire que nous sommes ici. Mais peut-être en reparlerons nous un jour.
Cette étrange cabane, repère de l’Homme Mystérieux (ou lieu ou son invocation fut permise à travers la toile ?), abrite de nombreuses inscriptions, comme nous l’indiquions. La plupart de ces inscriptions retracent en réalité des événements liés à nos aventures, de la citation de Blackwater à l’histoire de Jimmy Brooks et sa rencontre avec Arthur Morgan, avec un choix de mots différents suivant le choix d’Arthur d’aider ou de condamner ce dernier, au bord d’une falaise et prêt à tomber.
Mais certaines inscriptions, elles, semblent plutôt lié…à Herbert Moon, ainsi qu’au sort d’Armadillo. En effet, vous pouvez y trouver le plan de la ville, posé sur une table. Et, sur cette dernière, l’inscription suivante :
« Je t’ai offert le bonheur ou deux générations. Tu as fait ton choix. »
Ce que l’on peut comprendre, ou du moins interpréter ici, c’est que l’Homme Mystérieux a fait cette offre à Herbert Moon, habitant d’Armadillo. Et ce dernier a donc effectivement fait son choix : refuser le bonheur pour assurer sa « lignée », un élément qui lui semble en effet important d’après la lettre de sa fille. Cette dernière justement, ainsi que le fils qu’elle attend, également évoqué dans la lettre d’Herberta, représentent les « deux générations ». Mais le Diable se cache dans les détails, et s’il a fait le choix d’assurer deux générations, ces derniers ne porteront pas le nom de « Moon », sa fille s’étant marié et signant désormais sous le nom de « Herberta Solomons ». Marié de plus à un homme de confession Juive, ce que ne semble pas supporter Herbert Moon. C’est donc, dans le point de vue du commerçant, un grand malheur, toujours en comprenant les mots de sa fille à travers sa lettre.
Le refus du bonheur d’Herbert Moon peut également conduire, en prenant en compte le caractère et la pensée (tous deux méprisables) du bonhomme, que s’il ne peut être heureux, les autres autour de lui ne peuvent l’être. Ainsi s’abat l’épidémie peste sur la ville d’Armadillo n’offrant que malheur aux habitants entourant Herbert Moon et son commerce, condamné à la maladie et la mort.
Enfin, toujours dans cette cabane, nous y trouvons au mur une autre inscription qui peut être liée à Herbert Moon :
« La Lune brillera dans l’obscurité »
La Lune, « The Moon » en Anglais comme vous pouvez le voir sur l’image, peut être un habile jeu de mots en rapport avec…le nom de famille de Herbert Moon. Et elle peut s’interpréter là aussi par la situation à Armadillo, l’obscurité représentant la situation dramatique vécue par les habitants dans une ville couverte d’une épaisse fumée noire, causé par les nombreux corps calcinés, ayant succombé à la peste. Et la lune qui brille représentant au sens littéral Herbert Moon, semblant totalement immunisé face à l’épidémie de peste, face aux flammes entourant la ville.
Le Diable apparut à Herbert Moon et lui fit deux propositions. Ce dernier fit son choix et conclu ainsi un pacte avec le Diable. Ainsi, vous connaissez la sombre histoire de Herbert Moon dans Red Dead Redemption et Red Dead Redemption II.
Mais, avant de conclure, terminons par une dernière histoire sur Herbert Moon…lorsque les morts revenaient à la vie.
Herbert Moon, de nouveau un simple mortel… lorsque l’enfer descend sur terre
Le commerçant d’Armadillo a su traverser les époques, malgré la dureté de l’Ouest. Si nous le rencontrons en 1907 pour la première fois avec John, ce dernier tiendra encore et toujours son commerce en 1914, époque où nous incarnons Jack Marston. Mais, bien que non-canon d’un point de vue scénaristique, l’histoire de Herbert Moon se termine différemment…lorsque des hordes de morts-vivants apparaissent dans l’Ouest sauvage.
Red Dead Redemption : Undead Nightmare nous compte ainsi l’histoire d’un enfer sur terre. Et dans cet enfer traversant les plaines du Wild West, il n’y a plus de trace de l’Homme Mystérieux, et il n’y a plus de pacte. Chaque homme devient un simple mortel, en proie à un véritable enfer de flammes où qu’il aille.
C’est également le cas d’Herbert Moon qui, comme nous le disions au début de notre dossier, apparait dans le cadre des événements principaux de Undead Nightmare avec un échange des plus surréalistes avec John Marston, ce dernier cherchant les adjoints du Marshall Johnson à travers Armadillo, en proie aux hordes de morts-vivants.
Nous y comprenons ici à travers ses échanges l’antisémitisme et le racisme de Herbert Moon, déclarant au début que « toute cette histoire, c’est un complot des Juifs » avant d’affirmer ensuite que si « maintenant, les gens se bouffent les uns les autres », « c’est la faute de l’élite juive britannique catholique homosexuelle et de ses idées. ». Et si John utilise le sarcasme pour répondre aux arguments d’un Herbert Moon radical, ce dernier finira par dire, en sortant de son magasin tranquillement, comme s’il se sentait immunisé :
Herbert : « L’Amérique est le pays de la liberté, ce qui donne le droit aux hommes comme moi de faire ce qu’ils veulent. Herbert Moon ! »
Mais dans un enfer sur terre, encore une fois, Herbert Moon est devenu un simple mortel et à peine ses paroles dites, le commerçant se fit dans la foulée attaquer par trois morts-vivants le mordant / dévorant, ce dernier criant alors ses derniers mots « Ne me mangez pas ! Je suis Herbert Moon », devant un John Marston observant simplement la scène, sans intervenir.
Herbert Moon avait ainsi la fin qu’il méritait, après une vie faîte principalement de haine envers les autres. Avant de poursuivre sa quête, John Marston aura néanmoins un dernier geste face au commerçant devenu un mort-vivant comme les autres : celui de l’abattre définitivement.
Conclusion
Si Herbert Moon n’est pas un personnage important dans la saga Red Dead, force est de constater que Rockstar Games a su néanmoins lui créer une histoire sombre et étrange. Ainsi s’achève notre dossier dédié à l’homme qui pactisa avec le Diable, dont nous espérons que vous avez apprécié la lecture.
Passez une très belle journée sur Rockstar Mag’ !
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