Edito : La responsabilité d’un viol portée sur GTA V, un raccourci trop facile

L’information est sortie il y a quelques jours de cela sur une affaire se passant au Royaume-Uni. Une affaire de viol d’un jeune homme de 12 ans sur sa petite soeur « après avoir joué à GTA ». Un raccourci trop facile pour une histoire ignoble.

Rappelons-le, car le dernier exercice du genre de la part de votre serviteur date de plusieurs mois, cet édito réagit à un évènement parvenu dans l’actualité et donne le seul point de vue, subjectif, de votre serviteur. De ce fait, les mots que vous pourrez lire ci-dessous n’engage que moi, Nicolas, et personne d’autre au sein du Staff.

Quand Christopher m’a envoyé cet article, j’ai longtemps hésité sur le fait d’écrire ou non un édito. Au vu de l’affaire dont il est question, écrire dessus est extrêmement sensible et délicat. Après en avoir parlé avec des amis, je ne pensais rien faire à ce sujet, jusqu’à l’article paru sur CNEWS me faisant changer d’avis. Même lors de ce genre de sujet, il faut savoir prendre la parole pour démêler le vrai du faux alors que certains sites journalistiques professionnels prennent des raccourcis un peu trop facile.

 

I. Des faits atroces et un bouc émissaire idéal

 

Mettons donc tout d’abord les choses au point : il s’agit ici d’une affaire de viol, un fait absolument ignoble, atroce et inexcusable. Le sujet étant sensible, je ne pourrais que vous proposer de quitter cet édito si vous avez la moindre crainte. Pourquoi parlons-nous de ce genre de sujet ? Parce que la saga GTA est mise en cause. Voici le contexte : un jeune homme de seulement 12 ans a été jugé au Royaume-Uni pour avoir violé sa petite soeur de 6 ans « après s’être inspiré de GTA », d’après l’article du tabloïd « The Sun », repris en France par « Closer ».

En effet, ce dernier se serait inspiré, d’après les titres de ces articles, de GTA (comprenons GTA V), jeu offert par ses parents lors de Noël dernier. L’enfant qui dans un premier temps renié les faits reprochés, a finalement avoué sa culpabilité. Une question se pose : GTA V peut-il transformer un enfant innocent en un prédateur sexuel ?

Vous trouverez peut-être cette question un peu cru, mais d’après les articles des tabloïds : oui. Remettons les choses dans son contexte : durant ce procès, il est advenu que l’enfant avait abusé de sa petite soeur durant une période précédant Noël. Ayant reçu GTA V à Noël, l’enfant de 12 ans serait resté fixé sur les scènes de sexe présentes dans le jeu, d’après les écrits des articles ayant titré sur le sujet. La suite, vous la connaissez.

De ce fait, ce jeune homme de 12 ans s’est rendu coupable de cet acte ignoble bien avant d’avoir eu GTA V en cadeau à Noël. Je repose donc la même question : GTA V peut-il transformer un enfant innocent en un prédateur sexuel ? La réponse est NON. Un enfant coupable d’un fait monstrueux à qui l’on cherche une explication à l’inexplicable, explication devant forcément pointer sur un élément matériel. Un raccourci trop facile pour un coupable idéal : la saga GTA. Mais les faits sont là : GTA V n’est pas responsable cette affreuse affaire.

 

II. Les rapporteurs de l’affaire, des raccourcis bien trop facile

 

Avant de continuer, rappelons que ce fait divers (qui est un fait divers malgré l’horreur du sujet) a été relayé comme nous le disions plus haut par « The Sun », célèbre tabloïd britannique notamment pour sa page n°3, ainsi que « Closer » en France. Soit des presses à scandale. De ce fait, il est toujours bon de rappeler que l’exacte exactitude des faits rapportés peut être parfois douteuse, un titre accrocheur dénonçant les maux que sont les jeux vidéo est toujours plus vendeur.

Mais lorsqu’un site d’une chaîne de diffusion d’information en continue, à savoir CNEWS, publie également un article sur le sujet, l’étonnement était tout de même un peu plus présent, au point que je vous l’expliquais plus haut de vouloir prendre la plume pour réagir. Cependant, sachez que l’article a été par la suite retiré comme vous pouvez le constater ci-dessous. Un manque de discernement et de vérification de la véracité des faits de l’affaire peut-être ?

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L’article sur le sujet de CNEWS pointe désormais vers une page 404.

III. Des règles entourant chaque jeu vidéo respectées

 

Continuons sur cette affaire : le jeune homme aurait, après la visualisation de scènes de sexe sur GTA V, voulu s’inspirer de ces scènes. La mère des enfants en question étant choquée lors de la diffusion durant le procès des scènes en question : 3 scènes de viol in-game et 1 scène liée au service d’une prostituée.

GTA V contient-il des scènes de sexe ? La réponse est oui. Ce dernier contient-il des scènes de viol ? La réponse est un grand NON. Enfin, GTA V est-il le seul média audiovisuel à contenir du sexe ? Sûrement pas. Oui Grand Theft Auto V contient bel et bien des scènes de sexe, en règle avec la loi venant, me semble t-il, des Etats-Unis mais appliqué par tous (quand les règles ne sont pas plus sévères) qui consiste à ce qu’un jeu vidéo ne peut montrer un vagin ou un pénis en érection. Règle qui est respectée dans le dernier opus de la saga GTA.

Mais ce que GTA V possède aussi, c’est un PEGI. Chaque jeu vidéo reçoit une classification PEGI qui, en fonction de son contenu, est classifiée pour une utilisation qui requiert un âge minimum. Le jeu n’est pas interdit, mais déconseillé. Et c’est ici que je pointe, une nouvelle fois, l’irresponsabilité parentale, dû d’une part à une méconnaissance du sujet qui, elle, peut être compréhensible. Mais lorsque l’on achète un produit que l’on ne connait pas pour son enfant, on se renseigne auprès des vendeurs ! C’est d’ailleurs quelque chose que je vois de plus en plus en magasin de la part de parents : est-ce que ce jeu peut convenir à mon enfant de tel âge ? Il m’est par ailleurs déjà arriver de papoter avec un parent quand j’étais dans un rayon pour lui expliquer le PEGI et indiquer si le jeu qu’il a en main peut correspondre à son enfant . En l’occurrence : GTA V possède un PEGI 18, de ce fait inadapté de par son contenu pour un enfant de 12 ans, et possède également des pictogrammes indiquant quel contenu se trouve au sein du jeu.

PEGI
Le PEGI, utilisé aussi bien au Royaume-Uni qu’en France.

Mais d’autre part, et c’est vraiment ce point qui m’offusque au plus haut point et veuillez m’excuser pour les termes familiers qui vont suivre, à cause d’un « je m’en foutisme » le plus total qui consiste à acheter à son gosse ce pour quoi il braille toute la journée pour qu’il arrête de les casser et surtout qui aille jouer dans son coin au lieu de faire ch*er toute la soirée. Céder à tous les caprices d’un bambin dans le but d’avoir la paix, c’est n’est sûrement pas lui rendre service. Je repense en écrivant ces mots au témoignage sur Twitter d’un vendeur dont l’une des clientes avait fait déscolariser son fils de 11 ans pour qu’il puisse se concentrer sur sa chaîne YouTube dédiée à Fortnite. Aberrant !

Dans notre cas présent, faire de GTA V un bouc émissaire alors même que la culpabilité de l’enfant est actée avant la réception de ce dernier n’est sûrement pas lui rendre service. Chercher une excuse pour un fait inexcusable n’avancera à rien ni personne. Chercher à dédouaner cet enfant de son crime est plus qu’irresponsable ! Par ailleurs, voici ce que la mère des deux enfants avait ainsi indiqué devant la Court :

Il (son fils, ndlr) va très bien et je veux m’assurer que nous pourrons tous être à nouveau une famille à un moment donné.

Comment ne pas s’offusquer par cette phrase ? On dit que GTA V est la cause de cette atrocité, on désinstalle ce jeu et son fils va très bien ? A t’elle réellement conscience seulement de quoi est capable ce jeune homme ? Non, il ne va pas bien du tout ! Et ce n’est pas ce genre de propos qui vont changer les choses.

IV. Un sujet pointé du doigt, pourtant omniprésent dans la culture actuelle

 

Nous savons de par les faits que GTA V ne peut pas être porté responsable de ces actes. Nous avons également vu que le jeu possède une classification déconseillant l’utilisation du jeu pour un enfant de 12 ans. Malgré tout, les quelques scènes de sexe présentes dans le jeu peuvent-elle inspirer un enfant de 12 ans ? Non, si l’enfant est psychologiquement stable ! Dans tous les cas, pas plus ou moins de l’ensemble de l’univers audiovisuel entourant la vie de tout un chacun !

Car rappelons-le avant d’intenter un procès sur GTA V, le sexe est omniprésent ! Présent au sein des films et séries, de sites web, de publicités et même au sein des livres (incluant aussi bien des romans que des mangas/comics). A mon sens, l’univers vidéoludique est l’un des plus règlementaires à ce sujet grâce au PEGI. Ceci est un autre débat, mais doit-on être systématiquement choqué d’avoir la présence de scènes de sexe dans un jeu alors que nous le tolérons parfaitement dans les autres formats ? Personnellement je pense que non.

Sex Education Netflix
Sex Education, une série sorti cette année avec pour thème principal le sex

Dire que GTA V inspire au viol est à mon sens du même acabit que les propos de Jack Thompson à l’époque, qui disait que Microsoft Flight Simulator était responsable du 11 Septembre : absolument idiot d’une part et indécent vis à vis de la réalité des évènements.

V. Conclusion

 

Concluons donc cet édito. Si, comme je dis souvent à certaines personnes, rien n’est blanc ou noir mais n’est que nuance de gris, le jeu vidéo est un incroyable univers de divertissement. Concernant GTA V, ce dernier est une référence du jeu à monde ouvert, une représentation satirique poussée à l’extrême du mode de vie Américain. Mais il n’est sûrement pas responsable de l’inspiration à des abominations tels que le viol. Aux presses à scandale dont je sais déjà que la réponse est non : n’avez-vous pas honte d’écrire ce genre de choses ?

Diaboliser un jeu vidéo pour tenter de dédouaner un enfant ayant commis l’un des actes les plus ignobles au monde, c’est tout simplement indécent, immoral et honteux. Et, croyez-le bien, devoir écrire à ce propos n’a pas été une partie de plaisir.

Sur ce, passez un bon Dimanche sur Rockstar Mag’.

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