[EDITO] Bully, le jeu le plus audacieux de Rockstar ?
Rockstar Games est connu pour avoir créé de nombreux jeux polémiques. Entre GTA, Manhunt et même Red Dead, la firme étoilée a toujours publié des jeux engagés sur différentes thématiques. Pourtant, en 2006, Rockstar surprend tout le monde avec un projet très différent : Bully. Un jeu qui ne nous plonge pas dans les rues et le crime, mais dans les couloirs étroits d’un lycée américain.
Avant de continuer
Les mots que vous lirez ci-dessous reflètent mon ressenti et mes pensées sur le sujet, d’une manière totalement personnelle. Ces lignes sont uniquement les miennes, Arcrow08, et ne représentent pas l’avis des autres membres au sein du staff de Rockstar Mag’. Je donne mon avis sur la raison qui fait que je trouve que Bully est le jeu le plus original de Rockstar Games, mais cela ne veut pas dire que vous devez le partager. Au contraire, nous attendons avec plaisir de découvrir votre avis argumenté dans les commentaires.
Un nom qui interpelle
À la sortie du jeu, les joueurs et la presse remarquent Bully Scolarship Edition par son titre, qui évoque l’intimidation et la violence scolaire. Il s’agit d’un sujet très peu évoqué dans les jeux vidéo en 2006 mais aussi dans la vie en général où la sensibilisation autour du harcèlement scolaire commence seulement à être évoquée. Les médias s’enflamment, des associations crient au scandale avant même d’avoir vu une image du jeu. Mais derrière cette polémique, se cache en réalité une œuvre bien plus subtile et profonde. Avec Bully, Rockstar propose une expérience unique : une aventure adolescente satirique qui a pour but de dénoncer le harcèlement scolaire.
A mes yeux pour avoir déjà fait face à du harcèlement scolaire, je trouve que rien que le sujet évoqué est une révolution. Dans la pop culture, très peu de projets ont évoqué ce sujet et dans la vie réelle la sensibilisation au harcèlement scolaire commence à émerger dans certains pays. Pour moi Bully représente deux des qualifications de Rockstar : une entreprise visionnaire et une entreprise engagée.

Un concept original pour l’époque
A première vue, j’avais qualifié Bully comme un GTA mais version lycée. Mais réduire le jeu à cette formule a été une erreur de ma part. Je m’attendais vraiment à jouer un caïd et aller taper tout le monde dans l’école. Pour en avoir déjà parlé à des amis, je sais ne pas être le seul. Après avoir consulté différents forums, j’ai découvert que Rockstar avait justement pris tout le monde à contre-pied avec Bully. Fini les grandes villes des Etats-Unis, les fusillades et braquages spectaculaires. Cette fois, l’action se déroule dans une toute petite map : l’école de la Bullworth Academy et ses alentours.
Dans Bully, on n’incarne pas un gangster, mais Jimmy Hopkins, un adolescent livré à lui-même, coincé dans un pensionnat aux allures de prison. Après avoir fait des mondes ouverts comme Grand Theft Auto ou Red Dead Revolver, je trouve que c’est un choix vraiment culoté de la part de Rockstar Games. C’est d’ailleurs pour ça que j’aime autant ce studio. Le gameplay, lui aussi, innove. Pour progresser, le joueur ne se contente pas de remplir des missions : il doit aussi suivre un emploi du temps, assister aux cours, respecter le rythme scolaire. Et ça : personne ne l’avait encore fait.
Un miroir de la société et de l’adolescence
Derrière ses airs de jeu brutal, Bully est en réalité une véritable satire de la société. Le pensionnat de Bullworth n’est pas seulement une école : c’est une caricature du monde adulte, avec ses clans, ses injustices et ses rapports de pouvoir. Chaque groupe d’élèves (les sportifs, les nerds, les greasers et les bourgeois) incarne une caricature des classes sociales américaines. Rockstar se sert de ces clans pour se moquer des différentes classes sociales et faire passer un message.
Jimmy Hopkins est en fait un adolescent en colère. Il refuse d’accepter l’injustice. À travers ce personnage, j’ai vraiment l’impression que Rockstar souhaite montrer ce qu’est l’adolescence au monde entier et surtout au monde des adultes.

Un message plus profond que prévu
A la sortie du jeu, de nombreux médias l’accusent de glorifier la violence adolescente. Pourtant, en y jouant, on comprend que Rockstar raconte exactement l’inverse. Contrairement à ce que laisse penser le titre, Bully ne met pas le joueur dans la peau d’un harceleur. Au contraire, Jimmy est celui qui lutte contre les injustices, qui remet en question l’autorité, et qui refuse de fermer les yeux sur la souffrance des autres. Ce message est subtil, car comme d’habitude Rockstar aborde le sujet avec un ton humoristique. Avec Bully, Rockstar présente l’adolescence comme une lutte pour exister et trouver sa place.
Une innovation durable
Si on prend tous les points cités avant, peu de jeux, encore aujourd’hui, osent mélanger quotidien et œuvre culturelle de cette manière. Le fait d’imposer un emploi du temps, de devoir assister aux cours, de vivre au rythme d’un adolescent, c’était une idée en avance sur son temps. Chose innovante encore, la majorité des jeux cherchent à agrandir les cartes et la durée de vie avec de nombreux à-cotés. Bully prouve qu’un espace réduit peut devenir incroyablement riche, à partir du moment qu’on le peuple d’histoires et de personnages forts.
Pour moi, Rockstar a montré que l’aventure dans un jeu vidéo n’a pas besoin de se dérouler à l’échelle d’une ville entière pour marquer les esprits. Parfois, il suffit d’un pensionnat, d’une cour de récré, et d’un adolescent en quête de justice.
Bully n’est peut être pas la plus grande innovation technique de Rockstar mais à mes yeux, il s’agit du jeu le plus innovent de la firme étoilée. J’espère sincèrement avoir une suite pour parler d’un sujet que je trouve trop ignoré encore aujourd’hui : le harcèlement scolaire. N’hésitez pas à dire en commentaire ce que vous avez pensé de cet édito et à donner votre avis sur le sujet.
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