Edito : Le retour de Red Dead Redemption, bon sur le fond mais pas sur la forme

Red Dead Redemption vient de revenir il y a quelques jours sur PlayStation 4 et Nintendo Switch à travers une « conversion » du jeu original, après une annonce effectuée 10 jours avant. Une annonce justement… qui n’a pas totalement fait l’unanimité auprès de la communauté de joueurs. En réalité, elle représente surtout un problème de forme plus que de fond.

Penchons-nous dans ce nouvel édito sur ce retour pour le moins alambiqué des aventures de John Marston.

 

Avant toute chose

Les mots que vous découvrirez ci-dessous reflètent mon ressenti et mes pensées sur le sujet, d’une manière totalement personnelle, d’où la notion « d’édito » et non pas de « dossier ». Ce ressenti est donc uniquement le mien, Nicolas, et ne représente pas nécessairement les sensibilités des uns et des autres au sein du staff de Rockstar Mag’.

De plus, bien que je ne rentre jamais dans les détails des scénarios des jeux, il se peut que j’évoque vaguement, parfois, certains des points clés du jeu. Par conséquent, mieux vaut prévenir au cas-où avec une petite bannière « Spoil Alert ! » (que j’estime assez visible pour ne pas surcharger le titre en plus, et je l’assume !).

RDR spoil alert

 

I. Red Dead Redemption est un monument, qui mérite totalement d’être porté sur Nintendo Switch et PS4…

 

Red Dead Redemption est aujourd’hui un chef d’œuvre vidéoludique. Les aventures de John Marston ont su, à sa sortie en Mai 2010, marquer les esprits des joueurs. Rendez-vous compte, les développeurs de la saga GTA sortaient un jeu là aussi en monde ouvert, avec des mécaniques de gameplay similaires, mais dans le monde du far-west, un univers pas ou très peu exploré jusqu’à alors dans le domaine du jeu vidéo.

Pas de ville tentaculaire ici, mais des contrées arides s’inspirant globalement de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. Un héros (dans le sens protagoniste), John Marston, qui par son histoire et son charisme (meilleur qu’un Bill Williamson, à n’en pas douter !), fut rapidement élevé au panthéon des personnages du jeu vidéo. Tel qu’avant la sortie de Red Dead Redemption II, beaucoup doutaient de la capacité d’un certain Arthur Morgan à l’égaler voir à le surpasser quand d’autres craignaient que John y soit « désacralisé ».

Petit aparté, nous pouvons néanmoins dire aujourd’hui, c’est en tout cas mon avis (et ça tombe bien, c’est mon édito, quelle chance alors !) que non seulement Arthur Morgan a su surpasser John dans le cœur des joueurs, mais que John a été ce qu’il est devenu grâce à Arthur. Bien entendu, en 2010, le nom d’Arthur Morgan n’était dans l’esprit de personne.

Bien entendu, si John Marston a été aussi « sacralisé » justement, c’est bien grâce à son scénario et au parcours de l’ancien hors-la-loi tout au long du jeu, jusqu’à cette fin tragique et marquante, un destin dont il ne pouvait s’échapper.

Red Dead Redemption PS4 Pro

Et croyez-moi (#3615MyLife) : cette fin m’a marqué alors que je la connaissais en soi depuis des années. Je n’ai pas joué à Red Dead Redemption à sa sortie en Mai 2010…puisqu’à cette époque, je jouais toujours sur ma PlayStation 2, la PlayStation 3 n’était qu’un doux rêve (et je ne connaissais pas l’existence du mot Xbox 360 !). Mais si j’étais pauvre d’un point de vue vidéothèque, je connaissais Internet et les vidéos sur « les fins les plus marquantes du jeu vidéo » !

C’est carrément plus tard que j’y ai joué, le 26 Février 2015 plus être exact dixit mon trophée PS3 (pour finir le scénario 8 jours plus tard…que c’était bien les vacances quand on était à l’école !), et je ne remercierai jamais assez ma grande sœur à l’époque de m’avoir acheté tous mes jeux Rockstar pour ma PS3 (c’est-à-dire tous mes jeux PS3 en fait !). Oui, j’ai joué à Red Dead Redemption après GTA V, après Max Payne 3 ou encore L.A. Noire. Mais peu importe le temps, quand on aime !

Et quand même bien je connaissais le destin de John, cela ne m’a, in fine, en rien gâché mon expérience de jeu (là où je connais un petit bonhomme qui ne se remettra jamais, ô grand jamais, de s’être fait « spoilé » le jeu juste avant sa sortie, et qui ainsi n’arrivera jamais ainsi à accueillir pleinement Red Dead Redemption dans son petit cœur de chamallow. Oui, c’est de toi que je parle, et je respecte ton ressenti. Peut-être, qu’un jour… !).

Red Dead Redemption Switch

J’ai évoqué plusieurs points ci-dessus : un univers western en monde ouvert assez inédit (ce qui est encore le cas aujourd’hui), un personnage iconique et un scénario captivant, mais je ne parlerai pas de Red Dead Redemption sans également évoquer sa musique avec les compositions de Bill Elm et Woody Jackson ainsi que des morceaux comme « Compass » ou « Far Away » qui ont su se déclencher à des moments bien particuliers du jeu (l’arrivée au Mexique, le retour à Beecher’s Hope après la confrontation finale face à Dutch etc.) qui ont su appuyer certains moments et ainsi les graver dans nos petits esprits de gamers.

Pour tous ces points, Red Dead Redemption a été non seulement un succès pour Rockstar Games en 2010, mais est devenu à ce moment-là un monument du jeu vidéo qui, aujourd’hui encore, mérite d’être découvert. C’est d’autant plus vrai que Red Dead Redemption II, sorti en Octobre 2018, lui sert de préquelle. Et, si de nombreux joueurs avaient sûrement joué à RDR avant cela, ce n’est sûrement pas le cas de tous, il suffit de comparer les ventes des deux opus, Red Dead Redemption II s’étant largement plus vendu. Il y a donc un large panel de joueurs qui ne connaissent pas la suite (bien que sorti 8 ans avant… on se dirait dans un film de Nolan !) des aventures de John Marston et, dans le tas, des personnes désireuses de la connaître.

Ce portage sur Nintendo Switch (une console de marque Nintendo qui accueille par ailleurs pour la première fois un opus de la saga Red Dead !) et PlayStation 4 est donc légitime. D’autant que les retours indiquent un portage très propre de la part de Double Eleven Studios !

 

II. …mais qui aurait mérité un traitement plus ambitieux qu’un portage

Légitime, oui. Red Dead Redemption le mérite. Mais parce qu’il méritait de revenir, ne méritait-il pas plus qu’un portage ? Après tout, revenons deux ans auparavant en Mars 2021, où lors d’une conférence relayé par VGC dans cet article, Take Two Interactive, firme mère de Rockstar Games, expliquait par la voix de Strauss Zelnick qu’il n’était pas intéressé par le fait d’effectuer de « simples portages » de leurs licences, mais qu’il souhaitait être différent des compagnies concurrentes afin de proposer toujours mieux dans leur principe de remasterisations de titres en améliorant « la technologie », le « visuel » et les « performances » pour en faire un jeu « différent ».

Nous étions, lors de ces propos, dans le contexte d’un GTA V qui devait (mais n’était pas encore) sortir sur la nouvelle génération de consoles, les PlayStation 5 et Xbox Series X|S. Mais l’exemple ne se voulait pas spécifique à GTA V et évoquait tout d’abord Rockstar Games avant de s’étaler à tout leur portefeuille puisque l’ami Strauss Zelnick prenait ensuite les (bons) exemples de la saga Mafia, qui avait connu peu de temps avant un remake du 1er opus et une remasterisation du second, étaient cités.

De par la voix même du « chef des chefs », les jeux de Rockstar Games méritent ainsi d’avoir à minima de véritables remasterisations de leurs versions originales et non pas de, en reprenant ses mots, de « simples portages ». Ici, si je ne réfute bien entendu pas la qualité du travail de Double Eleven Studios (qui a effectué ici un travail sur commande), mais je reprends les mots utilisés par Rockstar Games lors de son annonce puis le jour de sa sortie : nous sommes bien sur un portage, une « conversion ». Le « visuel » a été augmenté au meilleur des capacités des consoles destinées, mais le jeu reste sur son moteur d’origine et, surtout bloqué dans ses performances aux 30 images par seconde. Certains bricoleurs de switchs dites « moddées » ont néanmoins rapidement démontré que le jeu semble (je dis bien semble, après tout il est sorti il y a quatre jours) pouvoir tourner en 60 images par seconde sans aucun problème ou bug détecté.

cheval RDR

Mais restons sur la voix du « chef des chefs » et permettons-nous de rêver un peu. Lorsque Red Dead Redemption II sortait en 2018, nous avions eu la joie de découvrir que toute la carte de la partie USA du premier Red Redemption, comprenant Blackwater, Armadillo, Tumbleweed, le Ranch McFarlane etc. était présente. Par ailleurs, nous avions également découvert, et c’était d’ailleurs mon premier dossier dédié au jeu à l’époque, que, si elle n’était pas accessible de façon « normale » dans le jeu, la partie « Mexique » était néanmoins présente, accessible via un glitch (corrigé peu de temps après) et étrangement bien modélisé (vis-à-vis des routes et chemins, des emplacements des rochers etc.) par rapport à la carte de Red Dead Redemption, même si les villages avaient été retirés pour laisser de grandes places vides à leurs emplacements. Je vous invite d’ailleurs à redécouvrir mon dossier dédié en cliquant ici (non, ce n’est pas de la pub. Mais c’est mon édito, ha !).

Dans Red Dead Online également (vous vous souvenez de Red Dead Online ?), nous avions le plaisir de revoir un personnage familier en la personne de Bonnie McFarlane. Et donc, la communauté de joueurs a espéré, fantasmé, spéculé ou que sais-je : et si Rockstar Games nous proposait à l’avenir un remake de Red Dead Redemption avec la version du moteur RAGE de Red Dead Redemption II ? Tellement d’éléments sont déjà présents, oh ce serait trop bête quand même de s’en priver !

Et puis, ajoutons ici et là des références à Arthur Morgan, inconnu en 2010, pour avoir un lien plus direct et fort entre les deux aventures. Et bien en tout cas, cette histoire, ce n’est pas pour août 2023 !

Red Dead Redemption PS4 Pro

Red Dead Redemption aurait mérité cela, j’en suis personnellement convaincu et j’espère que la plupart d’entre vous aussi également, vous qui êtes en train de lire le 1663ème mot de cet édito.

Cela dit, La « Definitive Edition » de GTA Trigoly est également passée par là depuis avec ce succès critique auprès de la communauté qu’on lui connaît (non pas qu’il ait eu de mauvaises ventes, 10 millions d’un coup, beaucoup de studios aimeraient avoir ce genre de ventes là même si depuis ce chiffre n’a jamais avancé…mais on parle néanmoins d’un trio majeur de la saga GTA dont le retour des fans a été catastrophique, mais nous en reparlerons un jour). Ainsi, cela peut (je ne dis pas que « ça a », mais que « ça peut », vous voyez la nuance ?) refroidir certaines ambitions côté business, car tout est une question de rentabilité sur investissement. Jusqu’à se dire qu’un portage n’était peut-être ce que l’on méritait, mais était ce qu’il nous fallait (n’est-ce pas commissaire Gordon).

Ainsi, en août 2023 où nous écrivons ces mots, bien sûr que nous sommes quand même « contents » (bien que Français par nature) mais néanmoins « déçus ». Je le redis ici : Red Dead Redemption mérite bien entendu son portage… mais il aurait mérité mieux.

Nous avons ici parlé du fond. Mais ce n’est pas le portage à proprement parlé ou l’absence d’un projet plus ambitieux ici qui pose un problème à mon sens, mais sa « forme ». Et nous allons y venir à travers plusieurs points. Mais avant, quelques mots sur les rumeurs persistantes qu’a eu le jeu ces derniers mois.

 

III. Le portage de Red Dead Redemption, victime du problème éternel des rumeurs ?

J’avais originellement prévu d’inclure ces quelques mots à ce propos dans le point au-dessus, mais il m’a finalement semblé nécessaire de séparer ces quelques lignes. Avec l’annonce du portage de Red Dead Redemption, de nombreux joueurs de la communauté vidéoludique se sont trouvés à la fois déçu et surpris, menant parfois à la colère (illégitime à mon sens, nous n’avons pas à être « ne colère » envers un jeu vidéo, excepté quand c’est Mario Party sur N64).

En effet, cela fait de très nombreux mois que nous voyons passer ici et là les mots « Red Dead Redemption » et « remasterisation » ensemble, avec les éternels « on-dit » et les ragots d’escargots à coup de « ah vous allez voir ce que vous allez voir les gars, héhé clin d’œil clin d’œil » suivi d’affirmations défiant les lois de la gravité terrestre.

N’oublions pas. La seule information qui eut lieu de la part de Rockstar Games est l’annonce un 7 Août 2023 du portage de Red Dead Redemption sur Nintendo Switch et PS4 le 17 Août 2023. Avant cela, la dernière fois que Rockstar Games communiquait autour de ce jeu (outre les créations de fans relayés de temps à autres), c’était à propos de la rétrocompatibilité du jeu sur Xbox One ou son arrivée sur feu PS Now en 2016. Depuis, la firme n’a jamais évoqué par le biais de leur Newswire, dans un communiqué de presse ou une interview travailler sur Red Dead Redemption de près ou de loin.

Red Dead Redemption Switch

Bien sûr, il est possible de rêver, d’observer, de se questionner lorsque l’on voit passer des éléments intéressants, concordants et d’émettre des hypothèses. C’est bien ce que je fais dans cet exercice. Le monde est fait d’hypothèses, il est construit autour de ces dernières et si l’humanité est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est parce que de nombreuses femmes et hommes par le passé ont émis des hypothèses, pour les mettre ensuite en pratique. Et certaines se sont révélées être fructueuses, devenant ainsi une affirmation. Mais n’oubliez jamais ceci : une affirmation a été auparavant une hypothèse. Mais une hypothèse n’est pas une affirmation, tant qu’elle n’ait été vérifiée.

Cela dit (ça me tenait à cœur, tout le plaisir est pour moi), revenons pleinement sur le sujet. Et, je l’écrivais plus haut : ce n’est pas le portage à proprement parlé ou l’absence d’un projet plus ambitieux ici qui pose un problème à mon sens, mais sa « forme ». Et je vais vous détailler ce problème en plusieurs points.

 

IV. Le portage de Red Dead Redemption, c’est un problème de timing, d’annonce, de prix…

Dans le cadre de mon travail, j’ai effectué une formation il y a quelques mois où j’ai appris un élément étonnant : en pourcentage, quelle est la part accordée au contenu d’un sujet versus sa présentation ? Bêtement ou naïvement, je répondais « 50/50 », la forme est aussi importante que le fond. Faux. D’après une étude effectuée il y a bien des années avant d’être revérifiée et validée : 7%, c’est la part qu’accorde l’Homme sur le contenu. Sa mise en forme est donc de… 93%. C’est fou quand on y pense, et pourtant, en observant autour de nous dans le monde d’aujourd’hui…

A défaut d’un remaster ou d’un remake, vous pouvez travailler sur un portage d’un jeu comme Red Dead Redemption, dont la gloire et la renommée ne sont plus à faire. Mais derrière, il faut lui donner une raison d’exister, lui fixer un prix, l’annoncer (ou pas), et le sortir. Ces éléments, il faut les travailler et les aligner sur les bonnes planètes.

Un problème de timing

Pourquoi sortir un portage de Red Dead Redemption sur Nintendo Switch et PlayStation 4 un 17 Août 2023 ? Et pourquoi pas me diriez-vous peut-être, mais derrière ma question se cache…rien du tout hormis une véritable question !

Souvent, sortir un portage ou une remasterisation (je mets le terme de remake à l’écart, puisqu’il est à mon sens considéré comme un jeu à part entière) ne se fait pas dans le plus grand des hasards, cela vient d’une logique. Il permet de fêter par exemple l’anniversaire du jeu originel, comme ce fut le cas pour les versions mobiles de plusieurs opus de la saga GTA. Il permet aussi de remettre en avant une licence en avance de phase, pour se remettre au bon souvenir des joueurs et relancer une certaine hype afin de préparer le terrain…pour annoncer un nouveau projet. Ou, au contraire, se dévoiler après la sortie et le succès d’un projet de la même licence, pour surfer sur la « hype des débuts ».

Mais dans notre cas, nous ne sommes ni dans le cadre d’un anniversaire (Red Dead Redemption étant sorti un mois de Mai, Undead Nightmare en Octobre), ni juste avant ou juste après un projet lié à la saga (Red Dead Redemption II est sorti il y a bientôt 5 ans, et les Studios Rockstar sont assez occupés avec une certaine suite de la saga GTA actuellement).

Alors, vous me trouverez peut-être un tantinet tatillon mais… pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas avoir sorti ceci en…2020 pour les 10 ans du jeu par exemple ? (oui, certes on était un peu chamboulé en 2020). Et d’ailleurs, pourquoi Red Dead Redemption alors que GTA IV fêtait cette année ses 15 ans ?

Red Dead Redemption PS4 Pro

 

Un problème d’annonce

Rockstar Games jouit d’une certaine réputation s’agissant de teaser et d’annoncer ces jeux, venant de nulle part et avec un silence insoutenable de plusieurs mois entre chaque bande-annonce ou images dévoilées souvent au compte-goutte.

Red Dead Redemption, dont les rumeurs d’un remaster se voulaient persistantes ces dernières semaines, est lui aussi arrivé comme par magie (mais dans un portage)… pour une sortie 10 jours plus tard. Ce n’est pas tant l’annonce qui a « popé » de la sorte qui me surprend, mais une annonce d’une sortie aussi proche, et à cela je m’interroge sur deux points.

Pourquoi l’annoncer au préalable si la sortie était aussi proche ? Je pense, mais ce n’est que mon avis, qu’il aurait été préférable étant donné qu’il s’agit d’un « simple portage » (je mets entre guillemets, car cela n’enlève en rien le travail de Double Eleven Studios derrière !) d’effectuer plutôt un « shadow-drop ». Alors oui, moi j’ai appris l’existence de ce moment en début d’année, et cela consiste à annoncer un jeu qui sort…dans la foulée ! Je pense qu’en procédant de la sorte, l’effet de surprise aurait été bien meilleur !

Le second point qui m’interroge est sur le fait de l’annonce elle-même : pourquoi l’avoir annoncé soi-même ? Si le jeu est sorti sur PS4 et Nintendo Switch, c’est surtout sur cette dernière que Red Dead Redemption est mis en avant aussi bien dans les tests de journalistes que via les contenus « sponsorisés » de Rockstar Games sur Twitter (pardon « X ») ou via le retweet (pardon « republication ») de la firme étoilée du post dédié à RDR sur le compte de Nintendo of America. Alors pourquoi ne pas avoir annoncé Red Dead Redemption via un Nintendo Direct ?

L’annonce aurait été à mon sens cohérente avec un jeu primée arrivant pour la première fois sur une console Nintendo (« for the first time on the Nintendo ecosystem », c’est une phrase que j’ai souvent entendu dans les Direct par ailleurs), surtout qu’un Nintendo Direct a souvent lieu en septembre afin d’évoquer les annonces de fin d’année. Rockstar Games aurait ensuite rebondi dessus pour annoncer effectivement le jeu sur Switch mais également sur PlayStation 4. Après tout, GTA V sur PlayStation 4 et Xbox One puis sur PlayStation 5 et Xbox Series X|S a bien fonctionné de la sorte via des événements PlayStation.

Ainsi, en combinant les deux points, nous aurions pu envisager une annonce via un Nintendo Direct pour une sortie dès la fin de l’émission en dématérialisée, et une sortie physique toujours au mois d’Octobre. La sortie décalée des boîtes auraient pu se justifier par le principe du shadow-drop et le délai entre les sorties dématérialisées et physiques seraient plus courte.

D’ailleurs, hormis le fait que le mois d’Octobre 2023 soit assez bouché en termes de sorties, pourquoi ne pas avoir calé la sortie les éditions physiques de Red Dead Redemption le…26 octobre ? Il s’agit d’un jeudi, jour phare pour les sorties vidéoludiques, et cela aurait été plus symbolique : Undead Nightmare (inclus dans le portage) était sorti originellement un 26 Octobre…tout comme un certain Red Dead Redemption II.

Mais quelle que soit la date décidée (vous avez mon point de vue sur le sujet), encore faut-il proposer le jeu à un prix convenable, qui n’est certainement pas celui proposé aujourd’hui.

Red Dead Redemption PS4 Pro

Un problème de prix

Tout sacré qu’il est, Red Dead Redemption est un jeu de 2010 qui se propre via une « conversion », un « portage ». Et malgré tout l’amour que j’ai pour ce jeu, un simple « portage » ne devrait pas être vendu à 50 €.

Je ne vais même pas prendre l’exemple de nouveaux jeux qui sont vendus parfois à 30 ou 40 €, je vais juste citer deux jeux qui sont revenus avec un travail soit similaire soit plus conséquent. Ce ne sont peut-être pas les mêmes genres de jeu, mais ce qui les relie est le fait qu’ils aient été culte auprès des joueurs en leur temps.

Et le premier exemple n’est autre qu’un jeu du portefeuille de Take Two Interactive avec Mafia : Definitive Edition, vendu à 40 €. Il s’agit d’un remake ici, qui a nécessité beaucoup plus de ressources, tout a été recréé ici, on est sur un projet plus ambitieux pour un résultat qui était superbe (personnellement, j’ai adoré le jeu !). Et vendu 10 € moins cher que le portage de Red Dead Redemption.

Je vais prendre un autre exemple assez récent, puisqu’il a été annoncé et sorti dans la foulée trois jours seulement après l’annonce du portage de Red Dead Redemption. Il s’agit de Quake II. Un jeu originellement sorti en 1997 qui revient en 4K et 60 FPS avec un nouveau contenu inédit, la possibilité de jouer en coopération ou multijoueur localement ou en ligne avec du crossplay entre toutes les plateformes ainsi que la variante du jeu sorti sur Nintendo 64. Et cela pour 10 €. Quand j’ai vu l’annonce, j’avoue avoir ri jaune. Et oui, je sais, ce n’est pas le même type de jeux, ce ne sont pas les mêmes graphismes, complexité etc.

J’aurai pu évoquer Alan Wake Remastered également, qui sortait pour la première fois par ailleurs sur de nouvelles plateformes et vendu au prix 29.99 €. Dont la sortie avait également comme sens de préparer le terrain pour Alan Wake II, un jeu tellement attendu depuis moultes années que beaucoup de joueurs ne l’espéraient même plus.

Je ne demande pas que le portage de Red Dead Redemption sorte au prix de Quake II. Mais vendre le jeu à 50 € n’est à mon sens clairement pas justifié et cela va même jusqu’à desservir le jeu lui-même. Un prix de 29.99 € aurait été à mon sens le bon prix.

Red Dead Redemption PS4 Pro

Un sort pourtant meilleur à l’époque sur Xbox

Ici, je vous ai indiqué qu’à mon sens, ce portage de Red Dead Redemption représentait un problème de timing pour sa sortie, un problème sur son annoncer lui-même ainsi qu’un sérieux problème sur le prix appliqué. Pourtant, Red Dead Redemption a connu un meilleur sort sur ces mêmes points il y a quelques années…sur Xbox.

Sur cette plateforme, où Rockstar Games n’a pas eu à mettre la main au portefeuille : le jeu est devenu rétrocompatible trois mois avant l’annonce d’un certain Red Dead Redemption II, en 2016. Devenu gratuitement optimisé en 4K sur Xbox One X (et par conséquent sur Series X aujourd’hui) via une annonce surprise et une sortie immédiate en 2018, là aussi quelques mois avant la sortie de RDR II, via un travail effectué directement par une équipe (et des algorithmes surtout) dédiée côté Xbox, pour un très bon résultat qui, couplé à l’effet de surprise, fut acclamé à l’époque par la communauté. Et avec un prix (outre le marché de l’occasion physique ou les jeux qui possédaient déjà une copie sur Xbox 360) actuellement conseillé de 29.99 € pour Red Dead Redemption, 9.49 € pour Undead Nightmare. Additionnons les deux, nous restons ici sur un prix moins élevé de 10 € (et pour le coup, c’est bien Rockstar Games qui fixe le prix des jeux sur les magasins d’applications). Et le multijoueur y est toujours présent, s’il fallait le préciser (ne vous y trompez pas, il y a encore du monde dessus, mais je doute néanmoins que ce soit un élément important aujourd’hui outre l’effet « nostalgie »).

Comprenez ici pourquoi il n’y a pas eu une version Xbox annoncée : pourquoi payer une « conversion » similaire à ce que les joueurs ont déjà depuis plusieurs années ?

Là encore attention, je ne vise absolument pas le travail de Double Eleven Studios. Il n’existait aucune version du jeu sur une console Nintendo et la PlayStation 4 ne proposait pas un programme de rétrocompatibilité similaire à la Xbox One. Leur travail reste entièrement justifiable, les joueurs sur PlayStation méritent le droit de retrouver à nouveau Red Dead Redemption là où les joueurs Switch ont également pleinement le droit de découvrir les aventures de John Marston . Mais derrière, c’est l’enrobage que propose Rockstar Games sur cette « conversion » du jeu auprès des joueurs PlayStation et Switch qui est à mon sens pas le bon, et l’est encore moins lorsque l’on regarde dans le rétroviseur ce qui a été effectué côté Xbox pour le même jeu, ou du côté des autres développeurs pour d’autres jeux, différents soient-ils.

Red Dead Redemption PS4 Pro

Une version sur PC toujours inexistante

Et si les joueurs PlayStation méritaient de retrouver la quête de John Marston et les joueurs Switch méritaient de la découvrir pour la première fois sur une console Nintendo, il reste une plateforme qui brille toujours par son absence : le PC.

Sur cela je m’interroge également : est-ce que Red Dead Redemption est voué à ne jamais paraître sur PC, victime d’une malédiction ancestrale ? Le code du jeu est-il tellement complexe que le porter sur PC relève de l’impossible ? Ou bien alors, Rockstar Games attendrait il de voir la réception critique et les ventes du « portage » actuel sur Nintendo Switch et PlayStation 4 pour voir si pousser l’idée sur PC est souhaitable ? Rappelons que tout est une histoire de business. Des questions pour lesquelles je n’ai rien à dire de spécifique hormis que, actuellement, c’est toujours « dommage ».

Néanmoins, on s’attendrait à ce que Rockstar Games, qui a mis en place ces dernières années son propre Launcher spécifique sur PC avec le Rockstar Games Launcher, prenne justement un peu plus sérieusement le sujet en main (et patchez-moi ce GTA IV sur PC au passage !).

Red Dead Redemption PS4 Pro

V. Résumé et conclusion

Bravo, vous êtes encore ici. Oui, j’ai écrit pas mal de mots, cela faisait longtemps après tout. Et vous avez peut-être lu tout cela d’une traite alors que j’ai passé plusieurs jours à écrire, réécrire en évitant de se mélanger les pinceaux. Tout cela pour dire en résumé ceci :

Red Dead Redemption fait parti de ces monuments du jeu vidéo et il mérite tout à fait d’être porté sur de nouvelles plateformes pour être joué par les anciens et les nouveaux joueurs. Mais au vu de sa stature, et du mastodonte qui pris le relais en la personne de Red Dead Redemption II qui partage avec lui un univers, un scénario et des personnages en tant que préquelle, John Marston aurait méritait tellement plus pour ses propres aventures.

Les équipes de Double Eleven Studios, en charge de ce portage, ont fait un très bon travail sur la commande qui leur a été effectuée. Derrière cependant, je trouve que Rockstar Games n’a pas effectué les bons choix pour Red Dead Redemption. Quel que soit la forme du jeu, il aurait dû sortir à une période plus symbolique pour la franchise mais surtout à un prix moins élevé.

Pour conclure, si vous me demandez aujourd’hui si j’ai acheté cette nouvelle édition de Red Dead Redemption, je vous répondrais « non ». Les raisons sont simples : j’ai platiné le jeu sur PS3 à l’époque. J’y joue aujourd’hui à l’occasion sur Xbox, par nostalgie ou par besoin, dans de très bonnes conditions, en 4K. Et je n’avais encore plus simplement pas 50 € à mettre dedans là tout de suite (vous connaissez les prix des péages en France ?).

Est-ce que je le prendrai un jour ? Très probablement sur ma Nintendo Switch lorqu’il sortira en boîte, histoire d’avoir un peu de poussière en plus ou pour le prêter à des collègues de travail. Mais je sais très bien que je n’y jouerai pas de façon assidue, pas cette année.

Cet édito est à présent terminé. Merci à toutes et tous de l’avoir lu ! Nous ne retrouverons prochainement sur d’autres sujets, dossiers ou éditos, pour parler de Red Dead Redemption et des autres jeux de la firme étoilée.

 

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